Un peu de poésie sur les échecs
Par
calade_echecs
Le 21/07/2024
Dans leur grave retrait, les deux joueurs
Guident leurs lentes pièces. L’échiquier
Jusqu’à l’aube les retient prisonniers,
Espace où se haïssent deux couleurs.
Irradiation de magiques rigueurs,
Les formes : tour homérique, léger
Cheval, reine en armes, roi, le dernier,
L’oblique fou et les pions agresseurs.
Quand les joueurs se seront retirés,
Et quand le temps les aura consumés,
Le rite, alors, ne sera pas fini.
C’est à l’orient qu’a pris feu cette guerre
Dont le théâtre est aujourd’hui la terre.
Comme l’autre, ce jeu est infini.
Jorge-Luis Borges (traduction de Jacques Ancet )